La chaussée à voie centrale banalisée

La chaussée à voie centrale banalisée (CVCB) est une route à une voie bidirectionnelle, sans marquage axial, possédant deux rives ouvertes aux piétons, cyclistes, et automobilistes lors de croisements. Cet outil, nouvellement offert par le Code de la route en milieu urbain, permet d'établir un axe piéton et cyclable sécurisé sur des voies peu fréquentées, et de réduire de manière naturelle la vitesse d'une route, pour un coût très faible pour les collectivités.

Image d'une chaucidou par le Cerema

Présentation

La chaussée à voie centrale banalisée est, pour le CEREMA, « une chaussée étroite sans marquage axial dont les lignes de rive sont rapprochées de son axe ». Autrement dit, c'est une route, initialement bidirectionnelle sans aménagement cyclable, qui ne comporte qu'une seule voie à double sens, et deux bandes ouvertes aux piétons, cyclistes et voitures dépassant. Concrètement, les véhicules circulent dans les deux sens face-à-face, entourée de deux accotements ou rives sur lesquels circulent les piétons, cyclistes, et sur lesquels les voitures peuvent se déporter temporairement pour se croiser. En quelque sorte, l'analogue des routes de campagne étroites où deux véhicules doivent mordre pour se croiser, mais avec ici des bordures de route qui sont carrossables.

Également appelée chaucidou (pour chaussée à circulation douce), elle permet de sécuriser un axe pour les cyclistes et piétons de passage, comme pour les riverains, notamment en l'absence de trottoirs. Elle est également un bon outil pour modérer la vitesse sur des axes peu fréquentés. Deux voitures auront tendance à ralentir si elles se voient de face à face.

Venu de Suisse (où il se nomme Kernfahrbahn) et importé en France par l'association Vélobuc, cet outil n'est pas accidentogène, de part la visibilité mutuelle des usagers, et de nombreuses villes l'ont déjà mis en place : Albi, Saintes, Pour se croiser, les voitures peuvent ainsi mordre sur la rive, en restant derrière piétons et cyclistes déjà présents, avant de continuer leur chemin.

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Législation

Règlementairement, une chaussée à voie centrale banalisée est une rue classique, avec des accotements rapprochés de son centre. Les piétons et cyclistes peuvent circuler sur les accotements équipés d'un revêtement routier (article R431-9 et R412-34). Depuis 2015 (cf. le décret n° 2015-808 du 2 juillet 2015 relatif au plan d'actions pour les mobilités actives et au stationnement), cet aménagement est également possible en agglomération.

Implémentation

Une chaussée à voie centrale banalisée est une chaussée à caractéristiques particulières, qui ne peut être applicable partout. Pour être agréable pour tous les usagers (piétons, cyclistes, automobilistes), plusieurs critères doivent être étudiés pour une transformation de route en chaucidou :

  • la chaussée ne doit être ni étroite ni trop large, auquel cas il vaudra mieux installer des bandes ou pistes cyclables pour le confort de tous ;
  • l'axe ne doit pas être très circulé, auquel cas les automobilistes rouleraient continuellement sur les rives. Le CEREMA estime à 5 000 voitures par jour dans les deux sens la fréquentation maximale pour une chaucidou ;
  • la visibilité doit être bonne entre usagers, ce qui exclut les routes avec des virages dangereux. Les routes rectilignes sont parfaites pour ces expérimentations.

Ainsi, les axes stratégiques comme les voies à grandes circulations devraient être exclues de ce dispositif. La circulation de poids lourds n'est néanmoins pas un problème, si la voie centrale est suffisamment large.

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L'implémentation d'une chaucidou peut se faire de la sorte :

  • une voie de circulation bidirectionnelle, au centre de la chaussée, sans marquage central. Cette voie doit pouvoir supporter une automobile, donc ne faire pas moins de 2 m 50 à 3 m, mais ne doit pas pouvoir supporter à elle seule deux automobiles, au risque que les usagers ne vérifient pas la présence de piétons ou cyclistes avant de se déporter sur la chaussée. La voie centrale ne doit donc pas faire plus de 5 m ;
  • deux rives, de chaque côté de la chaussée, d'une largeur minimale de 1 m. Elles sont séparées de la voie de circulation par une ligne de rive, de type discontinue « T2 3u ». Les automobilistes pouvant y accéder pour se croiser, elles ne sont pas des bandes cyclables et ne doivent donc pas avoir des pictogrammes vélos, mais peuvent contenir des pictogrammes chevrons pour marquer leur utilité pour piétons et cycles. Afin de les différencier de la chaussée, elles sont souvent, comme aux Pays-Bas, différenciées par une couleur, souvent peinte, ce qui augmente considérablement le coût d'installation.

Aucun panneau réglementaire n'est codifié pour la présence d'une chaucidou. Néanmoins, il est d'usage de prévenir les automobilistes en amont, afin qu'ils n’empiètent pas sur les rives. De nombreuses villes utilisent donc une signalétique non codifiée, montrant la circulation des voitures et le croisement en empiétant sur rives, souvent avec une mention « Priorité aux cyclistes ».

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Pour en savoir plus

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